Musée de Fessy - Collection Lacroix
Présentation du projet de récolement, par Frédéric Colomban et Viviano Mancini, chargés de mission. :
Pouvez-vous vous présenter ?
Frédéric Colomban, je suis chargé de mission sur la collection Lacroix (outils et objets de la vie quotidienne des Alpes) et la collection Jacquier (instruments de musique et enregistrements de chants et musiques traditionnels des Alpes). Je travaille avec Viviano Mancini, chargé de mission également, à l’inventaire, la gestion et la valorisation de ces collections pour le Conseil Général de Haute-Savoie. Nous avons commencé au début de l’été 2007.
Pouvez-vous décrire votre Musée, sa vocation et ses missions, ses collections, leur particularité ?
La collection Lacroix est exposée dans une maison de village, à Fessy, non loin de Thonon-les-Bains, dans le nord de la Haute-Savoie. Le collectionneur, Bernard Lacroix, a accumulé toute sa vie des objets et outils traditionnellement utilisés en milieu rural.
Pour avoir plus d’information et un aperçu des lieux en images, je vous invite à visiter notre article sur le collectionneur, son musée et sa collection.
Le Conseil Général a acheté cette importante collection en 2001 avant de lancer différentes campagnes d’inventaire : un pré-inventaire photographique puis le récolement, à partir d’un inventaire manuscrit sur un registre 18 colonnes, organisé en quatre campagnes successives. Celles-ci ont travaillé sous Micromusée, et affiné la méthodologie sur site, ainsi qu’au Conservatoire d’Art et d’Histoire d’Annecy. Il est apparu que le nombre d’objets avait été largement sous-estimé : l’inventaire devrait prendre beaucoup plus de temps que prévu, d’autant que la méthode d’inventaire a largement évolué.
La collection Jacquier est constituée de plusieurs centaines d’instruments de musique utilisés dans l’arc alpin, ainsi qu’une riche phonothèque et bibliothèque sur la musique traditionnelle. En outre, depuis les années 1960, le collectionneur, Jean-Marc Jacquier, a effectué de nombreux enregistrements de chansons et de musiques traditionnelles alpines. Cette collection a été pré-inventoriée par le M. Jacquier lui-même et vient d’être acquise par le Conseil Général.
Quels sont les projets que vous avez et la façon dont ce projet s’inscrit dans votre stratégie ?
Notre premier contrat au Conseil Général était dédié à finaliser l’inventaire réglementaire de la collection Lacroix, en fonction de ses particularités et de la méthodologie utilisée par l’équipe précédente. Entre temps, un large projet intitulé « Traditions actuelles » (un article sera consacré à ce projet sur le site culture74.fr) financé à 60% par l’Union Européenne a dû être monté et défendu. Concernant les collections Lacroix et Jacquier les objectifs sont multiples : en plus de finaliser l’inventaire, le projet vise à valoriser ces collections, les conserver (une numérisation des bandes magnétiques de la collection Jacquier est prévue) et les faire connaitre localement. Au cours de l’été 2009, nous avons mobilisé une équipe de tournage pour recueillir la mémoire et le témoignage de Bernard Lacroix. Au printemps 2010, nous allons réaliser une campagne photographique consistante. Elle offrira des supports pour de futures publications et complètera l’inventaire (la plupart des objets n’ont pas été photographiés). Une exposition itinérante aura lieu en fin de projet et permettra de présenter conjointement les collections Lacroix et Jacquier.
Comment s’est déroulé le projet de récolement : délai de réalisation, contraintes, support externe requis. Quelles ressources humaines avez-vous consacré à ce projet ?
L’équipe qui nous a précédés a mis en place une méthodologie inspirée des normes de la Direction des Musées de France. Après quelques mois de pratique sur le terrain nous avons quelque peu modifié, complété et précisé la démarche. Je m’autorise à parler de « méthodologie » en ce que je considère que le traitement de tous les cas particuliers rencontrés a permis la mise en place pratique et quotidienne d’un inventaire rigoureux, opérationnel et systématique. C’est un ensemble de détails, peu signifiants si on les isole du travail global, qui donne toute sa solidité à l’inventaire. Un ensemble de règles (traiter les lots complexes d’objets, utiliser un système d’abréviations, résoudre les problèmes d’accessibilité, numéroter et marquer les objets, attribuer les dénominations et les appellations…) nous a conduits à rédiger d’une part un protocole d’inventaire (activités sur site, puis travail de vérifications des informations au bureau) et un protocole de saisie sous Micromusée. Ce dernier a été mis en ligne sur le forum de Mobydoc.
A l’automne dernier, deux raisons nous ont convaincus d’utiliser le module portable de Micromusée. D’abord, une page s’est tournée au musée : l’inventaire de toutes les salles dites « régulières » s’est terminé. Il reste aujourd’hui trois salles dites « à problèmes », que les chargés d’inventaire devaient garder pour la fin. Il s’agit de ‘’la Forge’’, où les objets sont littéralement entassés, voire dangereusement disposés (des pioches et des marteaux sont suspendus à des clous rouillés au dessus de nos têtes) ; de ‘’l’Épicerie’’, championne de l’accumulation d’objets et qui nécessite donc un temps de travail conséquent (2700 objets dans un espace de 10 m2, environ 54 jours de travail sur site, ce qui représente environ cinq mois d’inventaire) ; et de la salle des Araires (où la majorité des objets est hors de portée). Auparavant, nous remplissions au musée les informations sur des fiches papier (de mars à octobre) et l’hiver nous restions au bureau pour les saisir sous Micromusée, après avoir contrôlé chaque fiche, notamment la justesse de la « syntaxe » des numéros, les domaines, les dénominations et établi différents documents de comptage et quelques statistiques. Afin de gagner du temps sur la saisie, nous utilisons désormais Micromusée portable et le travail de vérification (orthographe d’un auteur, appellation d’un objet…) s’effectue directement sous Micromusée, au bureau. Lorsqu’une vérification s’impose, nous ajoutons un code (« AV » pour « À vérifier ») à la fin du numéro d’inventaire afin de repérer les notices à contrôler.
La seconde raison est simplement technique. Jusqu’au début de l’année 2008, notre réseau informatique était d’une lenteur affligeante et rendait les phases d’import-export presque impossibles (une nuit complète était insuffisante). À présent, l’import-export est d’une durée normale (environ une heure), et nous l’effectuons selon les circonstances. Une fois par semaine semble une bonne fréquence.
Aujourd’hui, les deux tiers de la collection Lacroix (12.000 objets) ont été inventoriés. Ce chiffre ne rend toutefois pas compte des travaux périphériques qu’il serait nécessaire d’entreprendre, notamment « récoler le récolement » des premières équipes (de nombreux objets ont été jugés « inaccessibles », donc non marqués ni mesurés, les dénominations seraient à harmoniser), faire un inventaire photographique complet et lier les images aux notices, améliorer la documentation...
Nous avons toujours travaillé en binôme. Pour des raisons de sécurité (en cas de malaise, le collègue vaillant peut appeler des secours), et des raisons pratiques. En effet nous alternons les tâches : l’un rédige la notice Micromusée pendant que l’autre dicte les informations (mesures, matières, description…) et signale toute information non visible sans manipulation (une étiquette ou une inscription cachée, une matière ou une dégradation discrète…). La méthodologie n’a pas été fortement chamboulée en passant du manuscrit à l’informatique. Nous avons rédigé un nouveau protocole adapté à l’utilisation de Micromusée portable. Son application sur site n’a pas posé de problèmes particuliers, en plus de nous faire gagner du temps.Comment appréciez-vous la participation de MOBYDOC à ce projet (produits, services, prise en charge)?
Rien à dire. Chaque question a rapidement trouvé une solution grâce à la disponibilité et l’écoute de l’équipe au téléphone ou en télémaintenance; et Micromusée portable est tout à fait adapté à notre cas. Cette version du logiciel nous est une aide précieuse, en ces temps où le temps tend à manquer.